C’est William Burns, directeur de la CIA, qui le disait, fin juillet, devant le Forum de sécurité du Aspen Institute. Vladimir Poutine est « l’apôtre ultime de la vengeance ». L’ancien ambassadeur américain à Moscou ajoutait : « Poutine est quelqu'un qui pense généralement que la vengeance est un plat qui se mange froid ».
Le fondateur et patron du groupe paramilitaire Wagner, Evgueni Prigojine, 62 ans, se trouvait à bord d’un avion privé qui s’est écrasé, mercredi 23 août, dans la région de Tver, à environ 180 kilomètres au nord-ouest de Moscou. De nombreuses zones d’ombre et interrogations entourent les circonstances et l’origine de l’accident mais une chose est sûre : quelle que soit la cause de l’accident, toute le monde y verra un acte de représailles et de châtiment. Et, ajoute l’analyste russe Tatiana Stanovaya, « le Kremlin ne s’opposera pas particulièrement à ce point de vue. Du point de vue de Poutine, ainsi que de nombreux responsables militaires et de sécurité, la mort de Prigojine doit servir de leçon pour tous ses successeurs potentiels ».
Après sa mutinerie, explique la chercheuse au Carnegie Russia Eurasia Center, Prigojine « a cessé d’être un partenaire de l’Etat ». Il n’a conservé son utilité que « le temps de démanteler en douceur Wagner en Russie et de le déplacer en Biélorussie sous une nouvelle direction ». Sa mort réjouira, dit-elle, la frange la plus conservatrice du public russe qui lui reprochait d’avoir affaibli le régime en temps de guerre et intimidera ceux qui sont restés avec lui jusqu’au bout.
La mort annoncée du patron de Wagner viserait à éliminer définitivement le groupe en tant qu’organisation indépendante. Selon l’Institute for the Study of War (ISW), le ministère de la Défense russe a récemment commencé à former de nouvelles sociétés militaires privées pour remplacer Wagner en Afrique et au Moyen-Orient et à recruter dans ses rangs. Deux hauts responsables de Wagner auraient rejoint le ministère de la Défense russe et certains membres de la milice auraient commencé à quitter la Biélorussie. Toujours selon des sources citées par l’ISW, l’aller-retour «précipité» de Prigojine en Afrique répondait à l’action du général Andrei Averyanov, chef adjoint du GRU (direction générale des renseignements de l'État-Major des forces armées de la Fédération de Russie), visant à saper la présence de Wagner sur le continent africain.
Vladimir Poutine consolide donc son pouvoir et peut continuer sa guerre d’agression, en espérant que l’ancien président Donald Trump ou un autre candidat républicain, critique du soutien à l’Ukraine, gagnera l’élection présidentielle américaine de 2024. La Chine ne fournit pas directement d’armes et de munitions à la Russie mais augmente ses livraisons d’équipements à double usage, comme les puces informatiques, essentielles aux armes de précision et aux drones.
Pendant ce temps, l’ancien président français Nicolas Sarkozy, répète sur les ondes que la France a tort de livrer « des armes à flux continu à l’un des belligérants » et appelle à « renouveler le dialogue avec Vladimir Poutine ». L’aveuglement n’a pas de limites.
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