L’Ukraine et ses alliés occidentaux cherchent à obtenir le plus large soutien possible à une solution qui soit acceptable pour Kiev. Après une première réunion à Copenhague, fin juin, une quarantaine de pays (dont plusieurs pays du Sud et une partie des BRICS), se sont retrouvés, début août, à Djedda, à l’invitation du prince saoudien Mohammed Ben Salman, pour de nouveaux pourparlers autour du plan en dix points, formulé par le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Ce plan appelle les troupes russes à se retirer complètement d’Ukraine, à libérer tous les prisonniers de guerre et les déportés, à assurer la sécurité alimentaire et énergétique. Il comprend également des garanties de sécurité pour l’Ukraine une fois les combats terminés et le rétablissement de la sécurité autour de la centrale nucléaire de Zaporijia, occupée par les Russes.
En dépit de positions toujours éloignées, des points de consensus ont pu être dégagés sur les principes du droit international, - le respect de la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine-, et les efforts pour éviter que l’impact de la guerre ne pénalise davantage certains pays du Sud, notamment en matière de sécurité alimentaire. Des divergences fondamentales demeurent sur la façon d’appliquer ces principes. La Chine propose un cessez-le-feu, une option refusée par l’Ukraine et ses alliés qui y voient la possibilité donnée à la Russie de recommencer à tout moment son agression. Les participants, Chine comprise, ont néanmoins convenu de se revoir et d’organiser des groupes de travail sur chacun des dix points du plan.
Kiev cherche à obtenir le plus large consensus possible pour organiser un sommet mondial de la paix qui adopterait une déclaration de soutien et mettrait la pression de Moscou. Si possible, avant le début de l'Assemblée générale de l’Onu, lundi 18 septembre, à New York. On y verra plus clair après le sommet des BRICS, du mardi 22 au jeudi 24 août, à Johannesburg, en Afrique du Sud et celui du G20, les 9 et 10 septembre à New Delhi.
Moscou est-il prêt à négocier ? Le doublement les dépenses de défense en 2023 à plus de 90 milliards d'euros, soit un tiers des dépenses publiques, et le passage de 27 à 30 ans de l’âge maximum de la conscription suggèrent le contraire. Selon le Kremlim, des négociations de paix ne sont possibles que si l’Ukraine accepte « de nouvelles réalités », à savoir ses revendications sur les territoires ukrainiens occupés. Vladimir Poutine semble vouloir poursuivre la guerre, au moins jusqu’à l’élection présidentielle américaine de novembre 2024, en espérant que Donald Trump l’emportera.
Aucun des deux belligérants n’envisage aujourd’hui des négociations et les concessions qui vont avec. Selon le Washington Post, l’Ukraine « paraît à court d’options » pour rendre sa contre-offensive efficace et un récent rapport du renseignement américain affirme que la contre-offensive ukrainienne ne réussirait pas, en 2023, à atteindre la ville-clé de Mélitopol, dans le sud-est du pays. A Washington, l'Institute for the Study of War (ISW) estime cependant très prématuré de faire des évaluations sur le succès des opérations ukrainiennes en cours. Et en l'absence d'une percée militaire, l'ouverture de négociations serait politiquement difficile à vendre pour Volodymyr Zelensky. Cela changerait peut-être si aucune des parties ne prenait l'avantage avant l’hiver.
Lors d'une table ronde organisée en Norvège, mardi 15 août, Stian Jenssen, chef de cabinet du secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a évoqué la cession de territoires par l’Ukraine, en échange de son adhésion à l’Otan, comme « une solution possible ». Dans cette hypothèse, la Crimée et une partie du Donbas deviendraient une sorte de zone tampon entre la Russie et une Ukraine intégrée dans l’Otan. Face au tollé suscité par ses propos à Kiev, Stian Jenssen les a ensuite présenté comme une "erreur". Preuve, s'il en était besoin, que l'heure n'est pas à la négociation.
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