Pourquoi les défenses d'Israël se sont effondrées face à l'assaut du Hamas ?
- fdalancon
- 8 oct. 2023
- 3 min de lecture
L’armée israélienne et le Shin Bet n’ont reçu aucun avertissement du renseignement israélien indiquant l’intention du Hamas de lancer une attaque coordonnée contre Israël. Le Commandement Sud avait même autorisé le transfert en Cisjordanie de trois bataillons qui opéraient dans le secteur, afin d'y renforcer les troupes pendant les vacances autour des fêtes religieuses de Soukhot. Cette décision a été prise, entre autres raisons, en raison de nombreux incidents qui ont récemment exacerbé les tensions sécuritaires en Cisjordanie, notamment une prière organisée par des colons à Hawara.
L’armée israélienne a mis beaucoup de temps à se rendre compte de l’ampleur de l’événement. L’armée n’a pas réalisé tout de suite qu’il y avait des dizaines de terroristes dans un grand nombre de localités israéliennes. Lorsque le commandement a réalisé que le Hamas avait réussi à enlever des soldats et des civils israéliens, des images et des vidéos d’eux à Gaza circulaient déjà sur les réseaux sociaux. Tsahal n’a eu connaissance que tardivement de l’incursion d’un commando dans le village de Nizim par la mer.
L’armée israélienne ne disposait pas de suffisamment de troupes dans le secteur pour les déployer rapidement sur place. Les appels à l’aide des résidents depuis leur domicile sont restés sans réponse. Quand certains ont réussi à joindre des responsables militaires, il n'y avait personne pour les aider dans la plupart des cas.
Le transport des troupes a été mal préparé. Malgré l’appel urgent de milliers de soldats des forces régulières et de réserve, l’armée n’a pas organisé de bus pour emmener les soldats vers les points de rassemblement. Pendant de longues heures, les troupes attendaient des véhicules pour les emmener vers le périmètre de Gaza avec leurs unités. Le plus souvent, ils ont dû recourir à l'aide de leur famille ou de leurs amis pour y parvenir.
De nombreux soldats ont attendu de nombreuses heures aux points de rassemblement. Des troupes n'appartenant pas à la même unité se sont organisées en force ad hoc sur place, sous la direction du commandant présent. Ces commandants ont mené leurs troupes au combat, sans connaître les soldats en mission avec eux. L’armée israélienne a choisi de laisser des forces importantes pendant des heures, loin des lieux attaqués, plutôt que de les déployer sur les lieux le plus tôt possible.
Tsahal et le ministère de la Défense estimaient que le Hamas n’était ni intéressé par la guerre, ni ne s’y préparait. Six jours avant l’attaque, le conseiller à la sécurité nationale, Tzachi Hanegbi, déclarait que « le Hamas fait preuve d’une très grande retenue ». Selon lui, les manifestations violentes organisées par le Hamas ces dernières semaines aux frontières de la bande de Gaza visaient à persuader Israël d'augmenter le quota de permis de travail des travailleurs gazaouis travaillant en Israël et à obtenir une augmentation de l’aide financière du Qatar.
Depuis son retour au pouvoir en décembre 2022, le Premier ministre Benjamin Nétanyahou a rarement convoqué son cabinet de sécurité, préférant prendre des décisions dans des forums ad hoc, sans les soumettre au ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, au ministre des Finances Bezalel Smotrich et à d'autres ministres sans expérience des questions sécuritaires et diplomatiques. Une réunion convoquée la semaine dernière par le chef du gouvernement s’était concentrée sur la menace iranienne. Aucune inquiétude ne s’y était manifestée quant à un conflit avec le Hamas.
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