La poussée de l’extrême droite en France, en Allemagne, en Autriche et en Italie ne bouleverse pas les grands équilibres au Parlement européen. Les conservateurs du Parti Populaire européen (PPE) progressent et confirment leur place de première formation politique. Les sociaux-démocrates (S& SD) , - le deuxième groupe dans l’Hémicycle communautaire-, perdent du terrain mais ce sont surtout les libéraux de Renew et les Verts qui reculent. Résultat, le PPE, les sociaux-démocrates et les libéraux devraient être en capacité de reconduire leur actuelle coalition à la tête du Parlement. Les droites nationalistes et souverainistes devraient occuper plus d’un quart de l’Hémicycle de 720 députés. Leur influence réelle dépendra de leur capacité à former des alliances. Conséquence prévisible de du scrutin européen : une perte d'influence de la France dans cette enceinte. Premier test: la confirmation de la présidence de la Commission européenne prévue le 18 juillet.
La dissolution de l'Assemblée nationale, pari à haut risque d’Emmanuel Macron, prend en otage une Europe en panne de leadership, confrontée à de multiples défis: sécuritaire face à la guerre d'agression de la Russie qui se poursuit en Ukraine; économique et technologique au moment où l'écart se creuse avec les Etats-Unis et avec la Chine.
La fin de "l'Europe puissance" ?
La gouvernance de la France et de l'Allemagne, les deux principales puissances européennes, devient imprévisible. En France, les élections législatives des 30 juin et 7 juillet peuvent déboucher sur un gouvernement dirigé par le Rassemblement national.
En Allemagne, le mauvais score des partis de la coalition au pouvoir (sociaux-démocrates, verts et libéraux) affaiblit le gouvernement du chancelier Scholz dont le mandat court jusqu’en septembre 2025.
« Le message de ce soir, y compris la dissolution, s'adresse également aux dirigeants de Bruxelles » déclarait, au soir du scrutin, Marine Le Pen. « Cette grande victoire des mouvements patriotiques s’inscrit dans le sens de l’histoire… Elle clôt cet intermède mondialiste douloureux qui a causé tant de souffrances aux peuples du monde. »
En réalité, le centre-droit continue à dominer largement l’échiquier politique européen. La France se singularise en mettant aux portes du pouvoir un parti nationaliste et souverainiste, très éloigné, sur un grand nombre de sujets, du centre de gravité politique européen ( en particulier, sur l'aide à l'Ukraine, les relations avec la Russie, les relations transatlantiques, l'immigration et le climat ). Le passage de la France du camp centriste libéral dans le camp nationaliste populiste pousserait l'Europe vers la désunion et la désintégration, un risque existentiel potentiel pour l'Union européenne.
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