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Thanksgiving: les Européens seront-ils les dindons de la farce ?


 

L’Europe sera-t-elle le dindon de la farce dans le « plan de paix » qui se négocie entre les États-Unis et la Russie sur le dos de l’Ukraine ? En ce jour de Thanksgiving, la fête célébrée par les Américains pour rendre grâce des bénédictions de l’année écoulée, on peut se poser la question.

 

L’émissaire américain Steve Witkoff doit se rendre la semaine prochaine à Moscou. Sa proximité avec la Russie n’incite pas à l’optimisme. Ami de longue date de Donald Trump, le promoteur a bâti, comme lui, une partie importante de sa fortune dans les années 1990 quand les réseaux criminels russes blanchissaient leur argent en investissant dans l’immobilier new-yorkais.

 

Quelles que soient l’issue des tractations en cours, quelques points sont clairs :

 

- L’Europe ne peut plus compter sur les États-Unis pour garantir sa sécurité. « L’administration américaine ne se considère plus comme le pilier de la sécurité européenne aux côtés de ses alliés mais comme un « tiers de confiance » entre Européens et Russes », souligne Michel Duclos, ancien ambassadeur et conseiller spécial à l’Institut Montaigne.

 

Si les États-Unis ne se considèrent pas comme un membre de l’OTAN mais comme un médiateur entre la Russie et l’OTAN, comme le soutient le "plan en 28 points", à quoi sert l’Alliance et l’article 5 du traité de l’Atlantique nord, selon lequel une attaque armée contre un pays membre de l'OTAN sera considérée comme une attaque dirigée contre tous, et que chaque membre est tenu de venir en aide au pays visé ?

 

- L’Europe n’est pas prête à se passer de la protection des États-unis et fait tout pour préserver la relation transatlantique, menacée de fracture par Donald Trump.

 

En juillet, la Commission européenne a signé un accord commercial déséquilibré avec les États-Unis (15% de droits de douane supplémentaires) dans l’espoir de préserver, encore un temps, un soutien militaire américain. Une protection américaine en forme de racket, à coups de droit de douane et d’achats d’armement américain.

 

Washington tente maintenant de faire pression sur l'UE pour qu'elle assouplisse sa réglementation technologique, le Digital Markets Act (DMA), un texte visant à encadrer les grandes plateformes numériques. Le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, explique que Washington pourrait assouplir ses droits de douane sur l'acier et l'aluminium si l'UE revoyait sa réglementation numérique. Un chantage en bonne et due forme.

 

Une Europe impuissante et divisée

 

- sur le plan financier, les Européens, principal soutien de l’Ukraine, sont à court de fonds pour continuer à soutenir l’Ukraine et n’arrivent pas trouver un accord sur l’utilisation des avoirs russes gelés du fait de l’opposition de la Belgique ;

 

- sur le plan militaire, alors que la situation sur le front se détériore rapidement, les Européens ne sont pas en mesure de remplacer les États-Unis comme partenaire en matière de sécurité et de renseignement ; dépendent des États-Unis pour fournir à à l’Ukraine les équipements et les munitions nécessaires ; et pour, le cas échéant, pouvoir déployer une « force de réassurance » dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu.

 

 

- sur le plan diplomatique, l'Europe tente de défendre des principes : libre choix des alliances ( politique de la porte ouverte à l’OTAN ; refus d’un « droit de veto » russe ); inviolabilité des frontières et respect de la souveraineté de l’Ukraine.

 

Les Européens se félicitent d’avoir entendu le secrétaire d’État Marco Rubio, mardi 25 novembre, lors d’une réunion virtuelle de la « coalition des volontaires », admettre que l’usage des avoirs gelés russes relève d’une décision européenne et accepter la création d’une « task force » entre les États-Unis et la coalition pour travailler sur la nature des garanties de sécurité et la division du travail entre Européens et Américains. Maigres résultats.

 

Aucun accord n’est en vue, tant sur les concessions territoriales que sur les garanties de sécurité, qui restent des ligne rouges pour les deux parties.

 

La Russie maintient ses demandes maximalistes car elle se sent en position de force. Moscou poursuit sa pression militaire tout en se montrant ouvert à la négociation. Poutine mise sur la division occidentale ( entre Américains et Européens ainsi qu’entre Européens) et l’arrêt du soutien américain qui ferait basculer l’Ukraine et l’Europe dans la sphère d’influence russe.  

 

« Je ne vois rien pour l'instant qui puisse contraindre Poutine à revoir ses objectifs ou à abandonner ses exigences fondamentales » affirme Tatiana Stanovaya, chercheuse au Carnegie Russia Eurasia Center. « Il est plus confiant que jamais quant à la situation sur le terrain et est convaincu de pouvoir attendre que Kiev finisse par accepter son impuissance et se résigne à négocier selon les conditions bien connues de la Russie. Si les Américains peuvent contribuer à faire avancer les choses dans ce sens, tant mieux. Sinon, il sait comment procéder. Telle est la logique actuelle du Kremlin ».

 

 

 

 
 
 

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