« Une étoile est née : Elon » a déclaré Donald Trump, dans un long message adressé à Elon Musk, son plus grand donateur, en revendiquant sa victoire dans la course à la présidence américaine. « C’est un personnage, c’est un type spécial, c’est un super-génie, a-t-il ajouté. Nous devons protéger nos génies, nous n’en avons pas tant que ça ».
Elon Musk, l’homme le plus riche du monde, avec une fortune de 260 milliards de dollars, a dépensé plus de cent millions de dollars pour aider à élire Donald Trump et promouvoir ses mensonges, sa propagande et ses théories du complot sur son réseau social X. À quoi peut-on s’attendre maintenant alors que le magnat de la tech, un important sous-traitant du gouvernement fédéral par le biais de sa société SpaceX, cherche à récupérer son investissement ?
Le retour de Trump à la Maison Blanche inaugure une nouvelle ère pour le patron de Tesla, SpaceX et du réseau social X, sur le point de devenir l’un des conseillers les plus influents du président. Le rôle qui lui est promis, à la tête d’un nouveau département de l’efficacité gouvernementale, donnera au milliardaire des pouvoirs étendus pour recommander des coupes profondes dans ce qu’il décrit comme une « vaste bureaucratie fédérale ». Avant même d’annoncer qu’il comptait faire d’Elon Musk son « secrétaire à la réduction des coûts » officieux, Trump avait déjà prévu de licencier par décret un grand nombre d’employés fédéraux non partisans et de les remplacer par des personnes nommées par des politiciens – une mesure qu’il avait tentée juste avant sa défaite, en 2020, mais qui a été rapidement annulée lorsque Biden a pris ses fonctions.
Elon Musk entend également promouvoir la déréglementation et peser dans la politique américaine en matière d’intelligence artificielle, d’exploration spatiale et de véhicules électriques – autant de secteurs dans lesquels il a un intérêt personnel.
Elon Musk se décrit comme un « absolutiste de la liberté d’expression ». Après avoir voté pour Joe Biden, Hillary Clinton et Barack Obama, il a viré à droite et s’est aligné sur la campagne de Trump sur des questions comme l’immigration et la réglementation, la dénonciation des médias de l’establishment et ce qu’il nomme la politique « woke ».
Elon Musk a créé son propre comité d’action politique, Building America’s Future, dans lequel il a investi près de 120 millions de dollars. Une grande partie de cette somme a été consacrée au soutien à la campagne de Trump dans les États clés, notamment en Pennsylvanie. Il a utilisé tous les moyens de la technologie électorale, - collecte de données personnelles, publicités mensongères, messages sur son compte X (202 millions d’abonnés), modification des algorithmes et des capacités de modération de la plateforme X-, devenant l’un des plus grands pourvoyeurs de désinformation et de théories du complot dans la campagne électorale.
Une analyse du groupe PolitiFact sur 450 publications de Musk sur X au cours des deux premières semaines d’octobre a révélé une multitude de désinformation, qui ont reçu près de 679 millions de vues et plus de 5,3 millions de likes.
Dans les mois qui ont précédé le vote, Elon Musk a utilisé son propre mégaphone, – X –, en inondant la plateforme de messages pro-Trump, d’allégations de fraude électorale et d’avertissements selon lesquels Kamala Harris détruirait l’Amérique si elle devenait présidente. En 24 heures mardi 5 novembre, il a tweeté près de 200 fois, accumulant environ 955 millions de vues, après avoir publié en moyenne plus de 100 messages par jour au cours du mois précédant le vote.
Avant même de connaître le résultat des élections, Elon Musk a affiché son intention de continuer à jouer un rôle actif dans la politique américaine. Il continuera à financer son comité d’action politique pour peser sur les élections de mi-mandat en 2026. « Il faut faire quelque chose pour contrer les dommages que Soros a causés au système américain » a -t-il affirmé, en référence au financier, champion des causes libérales et progressistes et bête noire de la mouvance nationale populiste.
D’ores et déjà, le retour sur investissement est considérable : Trump a gagné et l’action de Tesla a augmenté de près de 13 %. « Ma philosophie est de jouer, de jouer pour gagner, et pas à moitié » expliquait récemment le patron de Tesla, lors d’une interview avec Tucker Carlson.
L'analyse de @MarietjeSchaake, ex-député européenne et chercheuse au Cyber Policy Center de Stanford: "la victoire de Trump est une victoire pour les entreprises technologiques, les capital-risqueurs et les courtiers en cryptomonnaies. Les implications pour la transparence, les libertés civiles, la gouvernance démocratique et la responsabilité, ainsi que l'orientation des politiques (étrangères) américaines par le biais de leurs intérêts, sont l'une des raisons de s'inquiéter".
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